
C’est une performance majuscule et un véritable exploit tricolore que Loïs Boisson vient de réaliser sur la terre battue de Roland-Garros. La jeune Française de 20 ans, 361e mondiale, a renversé Jessica Pegula, n°3 mondiale, en trois sets (3-6, 6-4, 6-4), dans un duel d’une intensité rare. Une victoire aussi improbable que flamboyante, qui fait d’elle la première Française à atteindre les quarts de finale du tournoi depuis 2017.
Une mise en scène malheureuse, un combat inoubliable
La programmation du match avait pourtant tout du contretemps : placé en plein milieu de pause déjeuner, le 1/8e de finale n’a pas immédiatement bénéficié d’une affluence digne de l’événement sur le Philippe-Chatrier. Un paradoxe frustrant quand on mesure le niveau de jeu exceptionnel proposé par les deux joueuses. Malgré une ambiance d’abord feutrée, le duel s’est vite mué en spectacle à couper le souffle, gagnant l’adhésion du public au fil des échanges.
Pegula démarre fort, Boisson résiste
Dans la première manche, Pegula a fait valoir son expérience et sa régularité. Breakée d’entrée, Boisson a pourtant rapidement recollé, enchaînant les coups droits à plat sans complexe. Mais la solidité de l’Américaine a fini par faire la différence. En confiance, elle a su profiter des imprécisions de Boisson sur deuxième balle pour imposer son rythme (6-3). Malgré quelques fulgurances, la Française semblait alors dominée.
La révolte de Boisson : variations et courage
Le deuxième set a marqué un tournant tactique et mental. Boisson a commencé à varier davantage : amorties, slices, lobs, montée au filet… Tout y est passé. Malgré plusieurs occasions manquées, elle a fini par convertir une précieuse balle de break à 3-2, déclenchant un véritable bras de fer tactique. Plus fébrile, Pegula a commis davantage d’erreurs. Avec l’appui du public désormais pleinement mobilisé, Boisson a relevé son niveau au service et confirmé l’avantage acquis, arrachant la manche 6-4.
Un troisième set haletant, aux allures de thriller
La dernière manche a été un véritable combat de nerfs. Dès l’entame, Boisson breakait, mais Pegula recollait immédiatement. Chaque jeu était disputé, chaque point une bataille. La Française, malgré les signes visibles de fatigue, n’a jamais lâché. Même lorsqu’elle envoyait une balle dans les tribunes sur une double faute, elle gardait la tête haute. À 4-4, elle obtenait un nouveau break crucial, profitant des hésitations d’une Pegula de plus en plus nerveuse.
Dans le jeu décisif, elle a parfaitement géré la pression. Un service extérieur suivi d’un coup droit long de ligne lui offraient une balle de match, qu’elle convertissait sans trembler, pour signer la plus belle victoire de sa carrière.
Une victoire historique, un symbole fort
Ce succès est d’autant plus marquant que Boisson revient de loin. Gravement blessée au genou en 2023, elle disputait son tout premier Roland-Garros dans le tableau principal, grâce à une wild card. Elle transforme ce cadeau en conte de fée sportif, brisant une disette française de 8 ans sans quart de finale chez les dames.
À 20 ans, cette joueuse peu connue du grand public incarne l’espoir d’un renouveau du tennis féminin français. Par son style de jeu varié, son audace tactique et sa résilience mentale, elle a conquis le cœur du public et des observateurs.
La suite : un défi nommé Mirra Andreeva
En quarts, Loïs Boisson affrontera la jeune prodige russe Mirra Andreeva, une autre révélation du tournoi. Mais désormais, la Française n’a plus rien à prouver, seulement à rêver plus grand. Dans une édition marquée par les surprises, elle est la dernière représentante tricolore, et elle joue libérée, portée par l’élan populaire.
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